[Tetaneutral] Compte-rendu de conférence RuralTIC

Julien Aubé j.aube at laposte.net
Mon Sep 5 02:29:30 CEST 2011


Bonjour,

Voilà, le 31/08 et le 01/09 j'ai été à RuralTIC, http://www.ruralitic.org/ . 
J'y suis allé à titre personnel pour rencontrer des gens, mais j'en ai profité pour me faire inscrire 
en tant que membre de Tetaneutral.

Organisation
------------

L'événement était en fait une suite de conférence en amphi avec plusieurs intervenants, avec en parallèle des "ateliers" dans des salles plus réduites.

Les conférences en amphi étaient assez peu intéressantes: Peu d'interactivité, et principalement soit des paraphrases des 
plan gouvernementaux , soit des complaintes d'autres acteurs du domaines qui critiques ces plans. 

J'ai assisté à 3 conférences: "Mutualitic" et "TIC et polémique…" , et "FTTH rural; mobilisation générale !" .

Ces conférences ont parlé usages du THD, mutualisation effective des infrastructures, financement.

Les points intéressants à retenir:
 - Les "fonds nationaux de subvention" ne concernent QUE les projets couvrant une zone minimale sur un département.
 - Ces fonds sont sur le modèle des DSP: Les collectivités ont en charge les "basses tâches": Système de référencement géographique des infrastructures, financement des fourreaux et des POP. Les opérateurs privés raflent la mise, de préférence ceux déjà en place.
=> Ce système est bien calibré pour exclure les petits acteurs et conforter ceux en place. Ils n'ont d'ailleurs aucune obligation de couverture géographique ni de population : Tout dépends du contrat avec la communauté concerné, l'état insistant pour que ce soit le conseil général.

 - Pas mal de gens ont défendus l'idée que les collectivités (aussi bien CG que communauté de communes) puissent devenir opérateur d'opérateur: Aujourd'hui elles n'ont pas le droit, *SAUF* si il y a un constat de carence. Mais ce constat est impossible à obtenir: En effet, ce constat s'établit via un appel d'offre public qui n'obtient aucune réponse. Or, ça n'arrive jamais: France Télécom réponds systématiquement. Même si c'est pour ne rien faire. 
Les autres opérateurs n'hésitent pas non plus à répondre sans intention: Leur but est de verrouiller la situation et éviter que le secteur public n'investisse un secteur, même non rentable à l'instant T. (Une sorte de politique de la terre brûlé). Or à l'heure actuelle la loi ne prévois pas de sanctions dans ces cas-là.

 - D'ailleurs beaucoup d'intervenants venant du public se sont plaints de la suffisance des FAI nationaux, et en particulier du manque d'entretien des infrastructures cuivre en zone rurales profondes. (Et oui, les gens, fallait pas privatiser tout ya 10 ans...). Sauf que comme leur présence reste obligatoire pour que des subventions
soient délivrés, ils ont une place royale et peuvent faire la pluie et le beau temps des schéma directeurs.

 - Il y a eu pas mal de discussions sur la mutualisation des infrastructures - ce qui a surtout montré qu'il n'y en avais aucune. 

 - Enfin TOUS les intervenant ont systématiquement pointé du doigt le manque terrible de collecte fibre en province. Plusieurs ont proposé des solutions: Construction légère (Aérien), forcer les opérateurs qui ont des fibres à les partager (RFF, autoroutiers) et ont milité pour une régulation forte de l'offre LFO de FT.
A l'heure actuelle , les communautés publiques ne PEUVENT PAS monter un réseau de collecte sans passer par un opérateur privé, *y compris* si des fibres existent pour d'autres besoins. 

En bref , beaucoup de discussions, de bonnes volontés. Mais rien de concret, et rien de pratique (à mon avis).



J'ai été à 3 ateliers:
1) "Le rôle des maires dans le déploiement du FTTH et les travaux de voirie"

Intéressant, surtout pour montrer l'immense complexité juridique dès que le tracé est grand: L'offre de location de fourreau de France Télécom a été saluée, tout en pointant du doigt qu'ils occupent déjà parfois en toute illégalité des fourreaux communaux... Et qu'il n'y a toujours pas d'offre pour les poteaux, ce qui est pourtant critique en zone rurale ou tout est en aérien.

Mais *surtout* ce qui revenu plusieurs fois, c'est le manque TOTAL d'outils de SIG , et plus généralement le manque d'informations sur les infrastructures souterraines par les collectivités : Très souvent ces dernières n'ont pas les plans de recollection des infrastructures qu'elles ont elle-même payées...
ou alors, les données sont carrément fausses.
Il n'y a pas d'outils commun pour toutes les régions, encore moins au niveau opérateurs d'infrastructure et intervenants de terrain. C'est ce qui explique que les "accidents de fibre" soient aussi courant dans notre pays. 
Plusieurs collectivités ont toutefois dit qu'elle utilisaient un outil commun, TAPIR ( http://tapir.craig.fr/ ) pour , au moins, la déclaration des travaux et des tracés . Le système enregistre et utilise les données dans un format ouvert, même si le site web ne l'est pas encore. 

J'ai pu discuter avec l'un des responsable du projet TAPIR qui semblait dire qu'ils étaient à l'écoute de toutes suggestion, et très pro-opendata. 
Néanmoins il m'a dis aussi que certains opérateurs (devinons lequel...) rechignaient à remplir ces bases, car ils pouvaient ainsi facturer des prestation d'"étude de terrain" qui consistaient juste à regarder ces cartes....

==> D'évidence , il y a un GROS travail sur les SIG à faire dans ce domaine, avec des outils à créer, des sites web à faire, des outils d'interrogation, du OpenStreetMap.... C'est pas Jérome qui me contredira.
D'ailleurs, ils m'ont confirmé tout ce que m'a dis Jérome: Simplement le tracé ne suffit pas, il faut intégrer les chambres, leur taille, le nombre d'alvéoles, leur occupation, les responsables des clés si il y en a, ....

Un intervenant à aussi fustigé l'attitude de France Télécom, qui prends un malin plaisir à gaspiller l'argent public: Ils réclament des tas de contraintes sur le génie civil lors de l'ouverture des routes. Et puis quand la route est refermée, ils disent que le fourreau n'est pas convenable et demandent à faire eux-même la ré-ouverture de la route, pour poser leurs propres fourreaux à coté de ceux de la collectivité. Et demande bien sur que la collectivité paye pour l'opération.
Le but est de dissuader les collectivité d'essayer d'avoir des fourreaux en propre.


2) "Comment implanter et développer un télécentre?"

Là ca parlait plus télétravail en général. 
Trop rien à dire, si ce n'est que les maires ont signalé une tendance lourde au retour à la ruralité par des ex-urbain en situation de burn-out. 
Le THD en campagne cherche surtout à répondre aux attente de ces gens-là, ainsi qu'aux besoins des étrangers qui s'installent.

Les maires se sont aperçu que les urbains qui viennent en campagne cherchent les villages les PLUS paumés, et ne cherchent pas a aller dans les petites villes:
Ces dernières sont plutôt investies par des personnes âgées qui cherchent une plus grande proximité des commerces et des facilités (Pas de voiture).

Donc paradoxalement, il y a un besoin en THD beaucoup plus fort en zone purement rurale que dans les villes moyennes des zones peu dense. 
Ca se traduit par un très fort taux d'abonnement THD en zone rurale (même quand ce THD arrive en wimax ou en NRA-ZO) alors que dans les villes de province le taux d'abonnement est plutôt inférieur à la moyenne nationale. 

Cet atelier a vu une forte opposition entre des maires ruraux qui cherchent à répondre aux besoin de leurs administrés (donc, cherchent des solutions THD), et d'autres qui considèrent que si les citadins viennent dans la brousse, ils en subissent les conséquence, y compris le débit faible ou inexistant. 

Les télécentres sont ici une réponse intéressante: Dans le Gers, ils regroupent par exemple 10 personnes en télétravail, dans le centre d'un bourg qui comporte 50 maison... et qui a le THD  , souvent par Wimax.

[J'ai ici une personne à contacter, qui a monté un business et à réussi à récupérer une fibre sur la A75. Il en a profité ensuite pour arroser le village voisin, avec une combinaison de fibre et de wifi]


Les repas & les discussions avec les personnes 
-----------------------------------------------

Les repas et les périodes inter-ateliers sont l'occasion d'échanger avec les gens. 
J'ai donc discuté avec pas mal de monde, et pu un peu cerner les "forces en présence". 

Il y avait :
- 1) Les opérateurs "ruraux": Wibox en premier, bien sur. Mais surtout des opérateurs satellites, y compris Nordnet.
Ca montre bien une chose, c'est que les FAI grands public ne sont pas du tout impliqués en dehors des zones dense:
On a vraiment l'impression que en-dehors des 5 grandes villes de France , Orange pense que le satellite ira très bien...
Il y avait aussi quelques représentant d'Alsatis, Covage, Altitude... 
Pour avoir discuté un peu avec eux, j'ai eu le feeling qu'ils arrivaient en "terrain conquis".
Même Wibox, pour venir sur un réseau, veux une collecte propre et une plaque de 500 prises : Dur dur, en zone vraiment rurale...

- 2) Les représentant public des DSP/RIP/PPP. Alors là, ils étaient nombreux, et très revendicateurs - en particulier sur le
fait de pouvoir se passer des opérateurs privés sus-mentionnés. Les éclairs fusaient, parfois, dans les salles....
J'ai eu le feeling que ces DSP subissaient leur délégants, et justement, cherchent s'impliquer plus dans les projets.

- 3) Les élus locaux :Maires pour la plupart, secrétaires de mairie, responsable des conseils régionaux...
L'impression que j'en ai c'est que plus on monde dans la hiérarchie, moins on remet en cause le système : au niveau CG, l'auto-construction
de réseau dont j'ai parlé a été pris avec un oeil amusé, un peu condescendant (je me souvient d'un directeur, en particulier... bref).

Mais les choses sont très différentes lorsqu'on parle avec les maires eux-même: 

Eux ont très fortement conscience que, quelque soit les beaux discours et les promesses, ils n'auront RIEN dans l'état actuel des choses. 
Et ils étaient très très intéressés lorsque je leur parlais de Tetaneutral et du modèle associatif et de desserte des zones blanche par wifi.
J'ai aussi parlé du modèle FTTH rural de Guifi.net.
Plus globalement, j'ai été jusqu'a leur présenter le matériel (Fibre abonné, PTO, SFP,...) qu'ils n'avaient en fait jamais vu, et j'ai aussi 
beaucoup expliqué le principe des déploiement réseau: NRO, GPON/P2P, ... 

Je leur ai aussi dis que NON, Tetaneutral n'était pas intéressé pour venir fibrer leur commune, mais que le but était que EUX, ils fassent leur association avec des gens motivés - et que dans cette hypothèse on serais plusieurs à venir les aider et leur expliquer ce qu'il faut faire. 

Globalement je les ai sentis très intéressé, bien qu'assez circonspects (normal)... Je compte reprendre contact avec certains d'entre eux proche de nous une de ces quatre.

Il y a des cas ou c'est plus compliqué que d'autres: Par exemple dans le Cantal, le génie civil aérien est déconseillé, a cause du poids de la neige sur les cables qui provoque de la casse, et le sol, en granit, est une chierie à creuser. Par contre, ils ont récupéré dans le domaine public à l'occasion du passage à la TNT plusieurs poteaux anciennement TDF, poteaux qui sont même parfois adductés en fibre...



4) Divers autres intervenants. En particulier, j'ai longuement discuté avec un belge qui travaille à Bruxelles, et qui m'a aussi parlé de la "Bottom-Up Broadband Initiative". Il m'a suggéré de me renseigner, mais qu'il y avait moyen d'avoir des subventions européennes (réduites certes) pour des projets de ce genre, en dehors du cadre légal français. A voir si c'est faisable et pertinent cependant: Les subventions viennent avec leur lots de contraintes et de problèmes juridiques qui ne peuvent pas être négligés. 



Conclusion
==========

J'ai retrouvé tout au long de ce congrès les maux bien français: La non-remise en cause des décisions en "Top-down", la "dictature de la majorité" qui implique que dans l'état actuel des plans, les villages ruraux n'auront pas de THD alors que c'est là qu'elle serais la plus demandée. Ceci semble presque accepté par tout le monde, avec un certain fatalisme, même les gens les plus revendicateurs. 
Le fait que les citoyens eux-même, en partant de la base, puissent construire quelque chose de viable est vu comme une incongruité. Mais beaucoup m'ont avoué que oui, ça serait une solution qui marcherais si l'on arrivait à la mettre en place, et qu'il ne faudrait pas grand chose...

Malheureusement, aucun contact intéressant pour tetaneutral - En particulier, il n'y avais pas de syndicat d'électrification.




Ce que j'en ai retenu, c'est que :

- Les RIP peuvent être faites par n'importe quelle taille de structure - Une commune peux faire une RIP si elle veux.

- Au moins à RuralTIC, il y avait des maires intéressés par l'approche bottom-up - car ils savent que pour eux tout est perdu, sinon.

- La plupart de ceux qui légifèrent n'ont jamais vu une fibre - et surtout n'envisagent les choses qu'a la manière d'un réseau cuivre FT.

- Attention à ne pas "travestir" une assos en essayant d'en faire un profit , en particulier en essayant de financer un salaire: 
  Ca ne marche PAS, ca explose systématiquement. La raison c'est que les gens passent de Adhérents à Clients, et là, les gens ne sont 
plus tolérants au moindre léger souci - Exemples sur les dessertes wifi dans le sud du lot, entre autre.
Plus généralement il faut blinder les status dès le départ pour savoir ce que l'on veux - Payer un mec, OU servir du THD en campagne.

- J'ai pu parler technique avec certains. Pour eux, 2 points: 
 * Faut laisser tomber les règles ARCEP (mutualisation, taille des PM...) : Le plus important est d'apporter un service neutre, c'est tout.
Ces règles de toute façon n'existent que en cas de subventions publiques.
 * Faut collecter comme on peux, y compris en multiwan DSL si nécessaire - quitte à réfléchir, ensuite, pour une solution plus pérenne. La collecte radio est une solution intéressante, qui peux même être pérenne.

En bref, dès qu'on a un village pilote, on fonce. Ptet avant aller voir Guifi.net, leur techno de micro-fibre aérienne à l'air sympa.

Julien 


More information about the Tetaneutral mailing list